Il y a plus de 8 ans que je ne suis plus en couple. Cette vie à deux tant valorisée par la société à laquelle j’ai été si bien préparée dès mon jeune âge. Lorsque cette relation a pris fin, j’ai ressenti de l’insécurité, des doutes, des peurs, des manques, des questionnements, de la colère, de la peine, la perte d’estime, de l’isolement et du renfermement. La question à répétition, «qu’est-ce que je vais faire de ma vie?» est apparue tellement souvent, trop souvent! C’est assez angoissant quand on y pense, surtout quand il n’y a pas de réponses qui montent.

Lorsque cette relation a pris fin, on me suggérait des personnes avec qui je pourrais être en couple, on me proposait des sorties pour faire des rencontres, on me disait de m’inscrire sur des réseaux de rencontres, on me disait « as-tu vu un tel? Lui, tu ne le trouves pas à ton goût? Comment ça se fait une belle et bonne personne comme toi? Tu vas trouver c’est certain!…». On voulait à tout prix me «matcher», comme si le fait d’être célibataire est anormal, absolument triste et résolument désespérant.

Un jour, où j’exprimais à mon amie, ma détresse à être seule, elle m’a tout simplement demandé, est-ce que tu es seule ou tu es célibataire? Boom, cette simple question a raisonné dans ma tête et a changé ma perception de ma situation. Je ne suis pas seule, j’ai des amies, des enfants, des petits enfants, des collègues, de la famille, des connaissances.

Bien sûr, il m’a fallu une longue période pour apprivoiser le silence assourdissant, ces longues journées sans même entendre ma voix. J’ai dû m’armer de patience pour retrouver le goût à cuisiner, juste pour moi. J’ai pris le temps nécessaire pour pleurer mes peines et panser mes blessures. J’ai eu à faire face à la perte d’intérêts, au vide. Étant une personne d’action, ne pas avoir de projets, n’était pas habituel. Les heures de coucher m’ont donné du fil à retordre, ce moment d’intimité, de touchers ont créé des manques. Et ma sexualité, je l’ai bien étouffée, au point d’en être fâchée à ressentir du désir. Ces moments ont vraiment été «rushants», heureusement ils ne durent pas tout le temps. 

Être célibataire, c’est apprendre à faire des sorties avec soi. C’est quitter un évènement avant la fin,ce moment de la soirée où les couples se retrouvent et où je ressens mon statut de célibataire. Ce sont les retours à la maison sans partager de moments, c’est retrouver mon habitation silencieuse et paisible. C’est ne pas avoir d’attentes de l’autre. Si j’ai le goût de quelque chose, il n’en tient qu’à moi, je n’ai aucun compromis, aucunes contraintes, sauf les miennes. C’est vivre parfois des épisodes d’anxiété, surtout lors des vacances ou d’évènements particuliers. C’est vivre de l’insécurité financière, car il n’y a personne pour prendre le relai lors des mois plus difficiles. C’est faire l’entretien et les tâches, seule. C’est vivre l’inquiétude en cas de problèmes de santé. C’est ressentir des épisodes d’ennui et surtout ne pas les relier à ma condition, après tout, tout le monde vit de l’ennui. Le célibat c’est une situation à apprivoiser, à définir et à construire. La plupart du temps, pas toujours, j’y vois pleins d’avantages. Je me donne la priorité, je peux m’investir dans les projets qui m’animent et me stimulent. C’est planifier pour moi et être indulgente si je n’y arrive pas. C’est me prendre en main à tous les instants. C’est prendre la responsabilité de mon propre bonheur.

Andrée Larrivée,

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