Comme directrice d’un organisme en alphabétisation, je rencontre souvent des travailleurs et des travailleuses précaires qui vivent dans la pauvreté. On ne se rend même pas compte des difficultés quotidiennes auxquelles ils et elles sont confrontéEs en tant qu’individus ou responsable de famille. Ce sont des personnes qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie, en retournant aux études pour avoir un diplôme dans le but d’avoir un meilleur travail (meilleur salaire, meilleures conditions de travail, sécurité de l’emploi, assurances collectives…).

Je me suis toujours posée la question, comment se fait-il qu’en 2021, on rencontre des gens qui travaillent et qui restent pauvres en même temps? N’est-on pas censé vivre dans l’un des pays les plus riches au monde? Le Canada ne fait-il pas partie du G7? Est-ce qu’il y a une réalité qu’on ne veut pas voir. Je ne sais pas, depuis que je suis au Québec, je me pose cette question pourquoi le salaire minimum ne correspond-t-il pas à la réalité quotidienne?

Aujourd’hui encore, des personnes continuent d’être pauvres malgré un emploi. Souvent, c’est un emploi précaire. Leur travail ne leur permet pas de répondre à leurs besoins de base de manière adéquate et autonome. Dans notre organisme, on observe que les personnes peu scolarisées sont surtout des femmes et plus particulièrement les mères monoparentales. Ce sont elles les plus pauvres même si elles ont un travail au salaire minimum. Comment peut-on expliquer qu’une personne peu scolarisée travaillant au même endroit depuis une dizaines d’année est toujours au salaire minimum avec à peine 3 dollars d’augmentation en 10 ans? Le nombre de travailleurs et travailleuses à faible revenu a augmenté au cours des dernières années et soumet la société québécoise à un processus d’augmentation des inégalités sociales, salariales et sanitaires.

La société québécoise doit se poser cette question : est- ce que le travail protège ses travailleurs et travailleuses contre la pauvreté quand ils et elles sont au salaire minimum? Non, le travail au salaire minimum ne protège pas contre la pauvreté. Cette réalité est devenue de plus en plus sensible dans le cadre de la mondialisation de l’économie et du marché, de la précarisation de l’emploi, des grandes coupures opérées dans les programmes sociaux, de la transformation des mesures d’assistance sociale en mesures de réinsertion en emploi. Aujourd’hui, il ne semble plus suffisant d’augmenter le salaire minimum pour aider certaines personnes à franchir le seuil de faible revenu et de la pauvreté. Le revenu d’emploi a besoin d’être compensé par le renforcement du système de protection sociale et par des mesures non économiques relatives au respect des droits humains, sociaux et économiques de la population.

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